A collective project with UCA students

To wear or not to wear (a mask)

A series of Shakespearean questions:
To be aware that the virus is not gone or not
To accept the scientific evidence or not
To continue to pay tribute to the effort of health care staff or not
To help limit the spread of the virus or not
To be careful or not
To acknowledge the presence of others or not
To be mindful of a shared space or not
To accept the momentary discomfort or not
To surrender short term freedom or not

To understand that the mask is as much a pedagogical tool to remember overall social distancing rules, as it is a sanitary precaution
Or not.

To accept our extra-ordinary context and circumstances
Or deny it.

Crisis, in Greek, means: a moment of choice.
The choice is individual, with collective consequences.
Which humanity is going to prevail: the mask-on or the mask-off?
Time will tell, bringing in its wake the original Shakespearean vision about the vulnerable predicament of all life.

Marie LIENARD-YETERIAN

Révélation

Le futur, c’est à dire une certaine forme de futur, a disparu. Celui qui s’inscrivait dans une certitude, celui qui n’était, finalement, qu’une répétition du présent. Celui qui n’existerait pas. Celui-là n’est plus. A la place: l’incertain, la question, la peur. C’est à dire le futur. Brut et infiniment transcendant.

Est-ce lui qui a disparu en premier? Est-ce sa disparition l’origine du reste, ou bien fait-il partie des conséquences? Classification inutile, impossible car ce domaine précis, celui de la peur, est celui du chaos. Il n’a ni début, ni fin, ni enchaînement logique, c’est tout l’édifice qui tombe. C’est à dire qu’il y aura un ordre, un enchaînement logique, mais, seulement, plus tard. Après. Lorsque le chaos sera terminé, que le futur sera revenu, car, justement, l’ordre aura pu être restauré. En attendant, soudain, tout se vaut, tout est identique, indeterminé, simultané.

Observer cela, s’en rappeler. La disparition si rapide des habitudes, le basculement dans un régime structuré par le fictionnel, par une certaine mémoire, inscrite, répétée, au fil des générations, de ce qu’est une « crise », des comportements à adopter, les voir être adoptés, sans trop de questions, sans aucune certitude. Voir les faits égrainés pour tenter de trouver un sens, une direction.

Voir avec quel acharnement absurde l’ordre tente de perdurer, de résister, de s’imposer à nouveau. Voir jaillir des règles, des classifications, comme un filet de certitudes jeté à la va-vite, pour tenter de reprendre les choses en main. Se rappeler qu’il y avait quelque chose de ridicule. C’est donc que le recul était encore possible. Célébrer le recul. Se rappeler que cet acharnement a sûrement la même absurdité, en temps normal, mais simplement qu’on ne le voit plus, que le décalage n’est pas suffisant, qu’on s’y est habitué.

Questionner tout cela. Remettre en cause. Ne pas s’en tenir à ces premières mailles lancées par un ordre passé dans une tentative désepérée de perdurer, de ne pas changer. Rire de cet ordre là, dès que c’est possible, c’est à dire dès que l’on peut s’en éloigner, s’en décaler. Ne pas se penser supérieur pour autant.

C’est un autre filet, alors, qui nous aura accueillis. Dans lequel restera pris l’écoulement du temps, jusqu’à la prochaine fois que le futur, avec sa brutalité inhumaine, viendra en rompre les fils.

Léo DAGUET

Lockdown

At the start of the lockdown our whole lives changed, going from being active people in the world, going out to see friends, exercising or even just strolling around the city breathing the fresh air, to suddenly finding ourselves locked inside these cages that we call “home”, at least that is how I saw things at first, as the days went on my approach to it has changed, I started a new routine, journaling has been of great help to me, being able to lay out my thoughts on this piece of paper every other morning lets me go on with my day productively, meditation and exercising are habits I found more interest in, I am keeping in touch as much as I can with my loved ones making sure that we do not let the bridges that we built up between us crumble under the weight of this crisis.

Karim DJEMA

Travel

Traveling amidst a global pandemic calls for an extra-ordinary organization. Our entire system has been affected by this crisis and airports –emblematic of our freedom of movement– have not been spared: this formerly welcoming place, a synonym for exciting new adventures, has now turned into an empty shell, a desolate glass and steel building that has been deprived of its fellow travelers. Inside the deserted departure terminal, a makeshift checkpoint supervised by two policemen prevents any unauthorized entry to the equally vacant check-in area. Once the traveler has crossed that unprecedented threshold, they are transported into an uncanny space that resembles a departure area, yet its usual hustle and bustle seems to have been replaced by an eerie atmosphere of fear and suspicion. The security screening zone has been closed with yellow and black do-not-cross tape, a heavy silence fills the room, and the few remaining employees hide behind ghostly-white FFP2 masks. This does not nearly look like the place that we all used to know… and it suddenly seems as though nothing will ever be the same again.

Adrien SPIGA

Spaces

Amidst this pandemic, I have been standing on very ambiguous grounds. I have been a student, a lover and twice an essential worker. I had to stay living in my dorm, a small peaceful haven that I made my own. Taking my exams online proved to be singular. Reconstructing and redefining the space around me was necessary. I had to learn how to put my yearnings for my partner aside, as I worked during the lockdown and my partner being at risks. We could not meet, but six feet apart, only once a week.

Every Sunday morning, I prepared myself. Putting on a mask on my face, gloves on my hands; adorning a shared fear. Paradoxically, I have been running on my way to work, as to externalise my frustration and need for dopamine; and have been running on my way home, as to get back to my zone of comfort, albeit, small.

The streets never felt this unsafe, even when emptiness reigned. Being able to hear nothing but your footsteps reverberating and your breath clashing with the silence, was both a unique and scary experience. The manifestation of the singularity of the self where plurality was once king.

Jérémy BOREL-GARIN

Delivrance

L’annonce de la quarantaine, un moment stressant pour beaucoup de personnes. Une délivrance pour moi. J’avais passé les deux dernières années sans jamais m’arrêter, sans jamais souffler. Bien sûr je comprenais les enjeux derrière cette annonce mais mon angoisse vis à vis du Covid était moindre . Je pense surtout aux personnes qui sont en guerre avec eux-mêmes.

Pour la première fois en deux ans je n’ai pas eu peur de perdre quelque chose, j’ai respiré, j’ai dormi, j’ai pu penser, j’ai pu avancer dans cette réflexion sur le deuil .

Je n’ai pas eu d’autre choix que de me reposer et de laisser mon frère me manquer. Je n’autorisais aucune seconde à ce manque. Et là, il était plus présent que jamais, il s’est installé et a fait le travail que je ne lui ai pas laissé faire avant.

La quarantaine m’a forcé à redevenir un être humain, la quarantaine m’a forcé à accepter de penser, la quarantaine m’a aidé à faire le vide.

Ce vide et ce silence qui peuvent faire mal, être douloureux, mais qui, quand on les laisse agir en paix, deviennent nos meilleurs alliés face aux événements de cette vie effrénée, cette vie assourdissante et parfois si fatigante.

J’ai donc pu penser, j’ai eu peur. Deux mois plus tard j’ai donc pu aller sur sa tombe, je n’avais jamais pu le faire en un an. La quarantaine à mes yeux c’est cette retraite imposée et pourtant si bénéfique sur certains aspects . Un apprentissage social , une rééducation de l’esprit , une réconciliation avec son « Moi » que l’on refoule bien trop souvent.

Bien entendu, ce virus n’est pas l’allié de l’homme, mais il a surligné des choses que les hommes cachent bien souvent. Leur stupidité, leur colère, leur peur, leur besoin d’être liés aux autres, et leur besoin de prendre le temps, de réfléchir, et d’accepter.

ANONYME