Un récit suspendu, étiré, sur plusieurs générations. Celles de ses spectateurs. Celles de ses acteurs. Ce qu’on pourrait voir comme un mythe. Une histoire qu’on a suivi autant qu’elle a suivi l’histoire de la second moitié du XXième siècle, un compagnon de route pour un temps d’abondance, d’apaisement et d’espoir.

Il est donc question d’espoir, encore, toujours, et de temps. Et de comment voyage l’espoir à travers le temps. Il est question d’un récit, dont on a suivi les méandres pour remonter à ses sources, puisqu’il y avait un début, un avant, et dont on attendait l’aboutissement, puisqu’il devait y avoir une fin.

Comment conclure? Que faire d’un tel monument, si cher au cœur de celles et ceux dont il a accompagné les rêves? Que faire de ce fantôme qui refuse de mourir mais dont les artifices sont devenus bien trop évidents, bien trop visibles? Que faire de ces marionnettes et de ces maquettes immenses, abandonnées dans une galaxie lointaine? Quel temps peut bien digérer ce paradoxe d’un monde désuet et pourtant nécessaire?

Parler d’espoir ; on a en toujours parlé. Toujours compter sur un coup de chance, sur une faille impossible, dans les situations les plus désespérées. Trouver la fracture, monter un plan, le voir échouer, improviser, espérer et triompher. Ce sont les valeurs simples que Star Wars tisse à travers trois trilogies et quarante-deux années. C’est l’héritage et le message que nous transmet ce long récit, au moment de se conclure.

The Rise of Skywalker sera, pour toute la génération de la première et de la seconde trilogie, le dernier Star Wars. C’est la chambre des jouets sur laquelle on jette un dernier regard avant de refermer la porte. Comment conclure, sans basculer dans le clin d’œil mélancolique ou la répétition? Comment boucler la boucle? En la faisant boucler, dans l’idéal d’un temps qui a subitement perdu sa linéarité, qui s’est arrêté pour faire des trois trilogies un cycle noué par une cohérence nouvelle.

Et Star Wars de devenir ce qu’il était déjà devenu: l’histoire d’un temps suspendu, où les morts ne meurent plus, où les générations se confrontent, où les ennemis perdurent, où l’histoire bégaie, mais où l’espoir perdure à l’infini.

Un dernier regard, pour se dire que tout a toujours été là, et restera là où cela doit être. Maintenant c’est passé. Le temps est réconcilié, il peut repartir, laissant derrière lui ses héros et ses batailles. En nous transmettant l’espoir.

Je referme la porte, et je descends à pas silencieux le grand escalier qui grince.